Rêveries lutines
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Pour tout bruit, la fontaine qui coule
Et le chant des oiseaux là haut,
Les pigeons qui roucoulent,
Le bourdonnement des abeilles,
Un avion qui passe dans le ciel.
L’eau coule, l’eau chante,
Elle ruisselle de sonorités,
De percutions argentines
Qui simplement m’enchantent,
C’est ma rivière, ma cascade méritée
De mes rêveries lutines.
Une naïade s’y va baignant,
Le soleil y fait scintiller sa peau dorée
De mille gouttelettes perlées,
Et moi en imaginaire la rejoignant,
Lui fais la cour de l’admirateur impénitent.
- Permettez, madame, que j’ôte tout vêtement,
Partageant ainsi la grâce de votre nudité.
La belle protesta effarouchée :
- Monsieur, je vous prie, gardez votre dignité.
- L’homme n’est-il pas aussi digne en sa vérité
Que la femme en sa beauté ?
En ce petit bassin nous baignant,
Nos peaux se frôlèrent assez,
Et nos mains presque nous caressant,
Je sentis une force me pousser,
Qu’elle ne sut longtemps ignorer.
- Monsieur, vous ne vous tenez pas !
- Ha ! Madame, bien m’en garde sur ce cas.
N’est-ce pas le privilège de la dame
D’empoigner du désir la flamme ?
Et caressant sa poitrine de mes mains enfiévrées,
Pressant contre elle mon axe enflammé,
Elle ne put faire autrement que l’enserrer,
Et de sentir en sa main la force qui redressait,
Elle en conçut une envie folle de l’absorber.
Mais peut-être suis déjà allé trop loin,
Les cen-seurs divers en feraient leur foin…
La belle ayant consacré de ses lèvres sensuelles,
S’allongea, grâce offerte, sur la margelle
Pour le voyage des émois,
La transe des amours charnelles,
Celle qui vous fait oublier le qui, le quoi.
La force de l’homme fraya en terres sublimes,
Quêtant le bout, la fin ultime,
Emmenant la belle en transports divins,
Traversant mille ciels câlins,
Tandis que le ressac d’amour
Enserrait le bateau dur
En ses grèves douces d’effets gourds,
Baignées de ses vagues pures…
Le volcan érupta, la lave fusa,
Le ciel explosa d’étoiles dorées
Retombant en éclats aveuglants…
Tandis que la clameur des corps extasiés
Résonnait en échos assourdissants…
Ca y est, la cen-sure m’a rattrapé.
Il était temps, le « mal » est fait.